Retour aux sources à la station thermale de mon enfance.
A l’heure de cette exploration au cours de l’été 2020, la station, joliment appelée « Thermes bleues » par les urbexeurs, est à l’abandon depuis une trentaine d’année.
De passage par la maison familiale cette fin d’été, les discussions reviennent encore sur le sujet : de nombreuses personnes viennent en « illégalité » à la station située dans ce minuscule village de 200 habitants. De nuit souvent, les visiteurs se garent sur des terres privées agricoles dégradant parfois barrières et clôtures. Intriguée par tout ceci, il me suffit de faire quelques recherches sur internet et instagram pour
1° apprendre l’existence de l’urbex : pratique datant des années 90 qui consiste à explorer des lieux abandonnés privés donc à priori interdit d’accès
2° comprendre que la station thermale du village est reconnue au niveau mondial par le milieu des urbexeurs comme un des plus beaux sites de France
Oui, cette même station pleine de souvenirs dans laquelle j’ai passé une partie de mon enfance. On descendait à pied jusqu’à sa piscine avec la classe unique de l’école du village. Nous les petits, on se familiarisaient à l’eau pendant que les grands prenaient des cours de natation avec le maître nageur. C’est aussi avec mes parents, frère et sœur…jusqu’à mes 8 ou 9 ans que nous descendions à la station pour profiter du parc et du mini-golf.
C’est complètement fou de voir des photos de cette piscine où j’avais failli me noyer… c’est complètement fou de savoir que des gens viennent de la France entière ou même de l’Europe dans mon village natal passé de 316 habitants en 1982 à 203 habitants aujourd’hui… c’est complètement fou de me dire que je ne suis que à un kilomètre à pied de la station…
« Fab viens on y va… il faut que j’aille voir de mes propres yeux. J’ai mal au ventre à l’idée de penser que l’on peut nous surprendre mais si elle est rachetée on ne pourra plus rentrer… j’aimerais retrouver un peu de mes souvenirs. »
Depuis 1985 et l’incendie de son hôtel, cette station est passée de main en main. Elle a été rachetée plusieurs fois pour sa chaîne de production d’eau en bouteille dont les bienfaits avait été reconnus officiellement par Louis Pasteur en 1878. Les derniers propriétaires en date : des qataris… et plus précisément un membre de la famille royale. Une eau de luxe a été commercialisé les premières années puis, sans doute avaient-ils d’autres choses plus importantes à gérer car tout s’est arrêté.
En ce mois d’août 2020, il y aurait un nouvel acheteur potentiel… mon intuition me dit que celui-ci va avoir l’ambition et réussir à aller au delà de la relance de la chaîne de production d’eau en redonnant à la station des airs de sa belle époque… quand, à la fin du 19ème et début du 20ème, la bourgeoisie venait se prélasser dans son grand parc ou bénéficier des bienfaits de cures thermales… J’ose rêver qu’un jour, on pourra à nouveau descendre à la station, voir des biches à l’orée de la forêt et voir la piscine et le mini-golf à nouveau en activité. J’ose imaginer qu’un jour, comme à une époque que je n’ai pas connue, en famille ou entre amis, les gens puissent venir ici se ressourcer dans un cadre bucolique, faire des photos de mariage comme celles de mes parents et profiter en plus de cures thermales réparatrices, d’un beau et bon restaurant à la campagne.
Quelques minutes plus tard, on franchit la clôture barbelée discrètement et traversons le parc à la végétation débordante pour atteindre les plus vieux bâtiments. Le temps est un peu tristoune en ce 29 août, le ciel chargé d’une épaisse couche de nuages blancs laiteux.
Je reconnais la porte d’entrée de la piscine qui est ouverte… on entre, l’ambiance est étrange mais la curiosité nous aide à franchir le seuil un peu glauque des Thermes bleues.
Au moment où j’écris l’article, ce 29 août 2023, pile poil 3 ans après notre entrée en « illégalité », la station a effectivement bien été rachetée, la chaîne de production d’eau relancée et je crois encore à mes rêves qu’un jour j’y retournerai mais sans passer par les barbelés cette fois-ci.



































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