Dimanche 06 octobre 2019
Grâce mat', bonne douche et moustiques
Ce matin c’est grâce matinée et intendance. On prend le temps au camping. Nat s’est fait dévorer par quelques moustiques mais à part cela, la nuit a été bonne. On profite des croissants gourmands fournis par la boulangerie du camping et rescapés des réservations de la veille, ainsi que d’une bonne douche chaude à 1€. Josy a également droit à un petit check-up et ce n’est qu’à 10h que nous prenons la route. Direction Mazara del Vallo… où nous serons au plus près du continent africain… la Tunisie n’étant qu’à 200 kilomètres à vol d’oiseau. Nous sommes vraiment impatients d’aller découvrir la casbah, l’ancien centre historique et de pouvoir ressentir les influences africaines et tunisiennes.
Étape improvisée à Granitola
En ce dimanche matin tout est tranquille. Le soleil brille, le ciel est bleu et bien que la route s’éloigne un peu de la côte, il y a une petite brise marine qui souffle une ambiance de détente. Notre programme aujourd’hui est assez cool donc on se laisse aller au gré de nos envies. Sur la carte, nous voyons qu’il est possible d’arriver à Mazara par une petite route qui suit le littoral. On vise donc la côte pour pouvoir longer la mer comme on aime. Quand on retrouve la Méditerranée c’est juste waou… les couleurs bleues turquoises sont incroyablement lumineuses. Nous faisons une halte dans la petite ville de Granitola. La petite bourgade n’a aucun attrait touristique, du moins elle n’apparaît sur aucun guide, mais « on le sent bien ».

Le bourg a été fermé à la circulation et est entièrement piétonnier. Le quartier fait face à la mer. Les familles siciliennes sont de sortie et se retrouvent autour de la petite place centrale qui est bien ombragée. Ca discute, ça rigole et ça parle avec les mains. Il y a deux petits bars sans prétention avec de belles terrasses qui se partagent la placette. Forcément on s’installe pour un petit café. Les enfants font du vélo et jouent, les parents papotent, les familles se rassemblent. On assiste, l’air de rien, à un petit bout de la Docle Vita à l’italienne. On se croirait presque dans une pub pour des pâtes ! Tous les clichés sont là. Les mamans en belles robes à fleur, les papas en lunettes de soleil et la mémé dans un coin ! On perçoit la douceur de vivre et l’ambiance un peu festive du dimanche.
On hésite un peu à passer une partie de la journée ici pour grignoter le plat du jour et regarder passer les siciliens mais finalement non. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de Mazara del Vallo et Nat à très envie de découvrir la ville surnommée la Sicile africaine ou la Sicile tunisienne.
Mazara del Vallo : un satyre au fond de l'eau, un couscous de poisson et de l'art.
Sur la petite route du littoral qui nous mène vers la ville, la vue plongeante sur la mer que nous offre Josy depuis sa hauteur et l’odeur iodée de la grande bleue passant par les vitres ouvertes du combi viennent éveiller tous nos sens.



Dans les guides touristiques, la petite ville de Mazara del Vallo ne semble rien avoir d’exceptionnel pourtant nous y passons un superbe après-midi et allons de surprises en découvertes, de recoins sublimes en quartiers accueillants, de repas tunisien à de délicieuses glaces italiennes.
Nous avons la joie de constater que c’est le premier dimanche du mois, et comme chez nous, tous les musées sont ouverts et gratuits pour l’occasion. Nous rentrons ainsi un peu par hasard dans le musée du « satyre dansant » sans trop savoir ce que l’on allait y découvrir. Nat y vit une véritable révélation… en « découvrant » que la mer est remplie de vestiges archéologiques ! Des amphores retrouvées au fond de la Méditerranée sont exposées et arborent avec fierté leurs plus beaux coquillages. Mais le clou du spectacle est sans aucun doute ce fameux satyre dansant !

Cette statue de bronze datant du 5éme siècle a été découverte par des pêcheurs du village et sortie de l’eau en 1998. La sculpture attendait d’être retrouvée par 480 mètres de fond ! L’histoire est rocambolesque ! Nat est bouleversé par les témoignages des gens d’ici qui défilent sur le petit écran. Un premier navire de pêche avait d’abord remonté une jambe du satyre en 1997 dans le canal de Sicile. Puis après des fouilles et des sondages compliqués, la tête et le buste sont ramenés à la surface. Après 4,5 années passées à la capitale pour se faire restaurer, la ville de Mazara a du batailler durement et juridiquement avec Rome pour pouvoir garder et exposer « son » satyre ici.
Les images d’archives montrant la statue sortie de l’eau par les marins du coin sont impressionnantes presque bouleversantes et donnent une dimension très touchante à la visite. On se prend à aimer cette statue presque autant que ceux qui l’ont découverte ! Il faut dire qu’avec ces 2,4 mètres de haut et la finesse des détails du visage, elle est quand même très belle pour une antiquité restée 2500 ans au fond de l’eau entre la Sicile et la Tunisie.



Ne pensant y rester que quelques minutes, c’est déjà le début d’après-midi lorsque nous ressortons du musée. On a faim, c’est dimanche et beaucoup de commerces semblent fermés. On se fit au guide du Lonely Planet pour trouver un resto. Nous n’avons pas envie de tourner en rond et prenons la direction d’un resto tunisien qui semble être ouvert. Cela nous fait traverser une bonne partie de la vieille ville et cela nous offre l’occasion de visiter.
Le chemin nous fait passer devant une immenses double-porte ouvragée et entrouverte. La façade est richement décorée et une pancarte semble indiquer que le lieu est ouvert au public. Nat accompagnée par son insatiable curiosité passe la porte. Nous sommes dans les ruines de l’église Saint Ignace. Le toit s’est effondré dans les année 30. Il servait de salle de réunion pour la municipalité. Le lieu a été nettoyé puis laissé comme ça. C’est magnifique ! Les voûtes et les colonnes de l’église baroque sont sublimées par une vigne vierge qui a décidé de d’installer là. Les bas-reliefs sont encore somptueux et quelques anges sculptés contemplent le ciel bleu à travers le trou laissé par le toit qui n’est plus là. La pièce est ovale et pas très grande mais dégage une énergie particulière… un petit havre de paix juste à coté du centre-ville.





Rien que pour ça, nous sommes content d’avoir visé ce resto. Nous y arrivons quelques minutes plus tard. Sur une petite place, quelques tables sont installées sous une immense tenture rouge décorée de formes géométriques. On a l’impression d’être au Maroc. La carte du Eyem Zemen est alléchante et on s’installe sans attendre. C’est à l’africaine… nappe en papier et verres en plastique, serveur souriant et décontracté. On se régale de spécialités tunisiennes : bricks au thon et couscous de poisson… le tout pour moins de 14€ à 2, difficile de faire mieux.
On enchaîne forcément avec une balade digestive. Comme c’est dimanche, la plupart des rideaux de fer des boutiques sont tirés et pour notre plus grand bonheur un bon nombre de ces mêmes rideaux sont peints de fresques ! Entre cela et les multiples mosaïques disséminées dans la ville, nous en prenons décidément plein les yeux ! Nous nous perdons dans les petites ruelles étroites aux murs hauts et blancs. On sent clairement l’influence du Maghreb. On suit avec plaisir les chemins marqués par les œuvres aux murs… ça va du simple carreau de mosaïque peint isolé dans une allée à des ensembles bien plus grands et impressionnants !









On finit notre balade par un café sur la magnifique Piazza de la Republicca qui rassemble quelques-uns des plus beaux bâtiments de la ville avant de rejoindre Josy qui nous attend sagement au parking du port.


Coucher de soleil sur les salines non loin de Marsala
Le ciel est couvert lorsque nous reprenons le route. Demain nous devons prendre un bateau à Trapani pour rejoindre les Îles Egades. Notre objectif est de trouver un coin pour dormir prêt de Marsala, idéalement aux alentours de ses célèbres salines.
On trouve un superbe bar pour admirer le coucher de soleil. Nous avons vue sur les tas de sel, les salines qui quadrillent les eaux saumâtre et un joli moulin qui servait à l’époque à remonter l’eau. Le bar est bondé de gens, c’est bruyant et très animé, pas trop notre truc mais la vue est vraiment superbe. On reste jusqu’aux dernières lueurs du jour.



On trouve un spot pour la nuit pas très loin de là… dans un « recoin » juste au bord de l’eau. Il y a bien quelques habitations mais nous sommes cachés par un bosquet… ça fera l’affaire pour la nuit… nous entendons quand même bien les bruits de la nature.
Ce soir en grignotant les délicieux arrancinis achetés tout à l’heure à un camion food-truck au bord des salines, nous étudions notre programme pour les quelques jours à venir sur les îles. Ça a l’air trop chouette. On espère que l’on aura beau temps. Là… le vent souffle fort…