Lundi 07 octobre 2019
En route vers le petit ferry...
Ce matin, le temps est tout gris… pas de soleil et pas de ciel bleu, du vent… beaucoup de rafales de vent. Notre plan est de prendre le ferry pour Favignana, l’île principale de l’archipel des Egades. Nous n’avons pas réservé le ferry donc nous voulons y être assez tôt. Il est donc 7h45 lorsque nous prenons la direction du port de Trapani. Nous ne sommes pas très loin. Rien n’est encore ouvert. En attendant nous allons prendre un p’tit café en ville. On partage notre petit déj dans un bar où les collégiens et les travailleurs défilent pour acheter leur casse-croûte du matin. L’ambiance est chaleureuse malgré la météo maussade.
La dame au guichet du ferry nous annonce que le temps est trop mauvais pour la navigation. Les traversées du matin sont annulées et rien n’est sûr pour cet après-midi et de la pluie est annoncée en plus. Nous sommes vraiment déçus. Ce petit archipel aux airs de paradis nous fait vraiment envie. La plupart des touristes ne font que des excursions à la journée depuis Trapani et on se faisait une joie de pouvoir y passer quelques nuits. On se renseigne tout de même pour une sortie à la journée, mais tous les bateaux pour Marettimo, l’île la plus éloignée sont annulés également… Pfff qu’est-ce qu’on va faire ?
Erice nous voilà !

La ville d’Erice, accrochée à la montagne, nous fait de l’œil. Il n’y que 30 minutes de route donc c’est parti. Tant pis pour les nuages gris, on ne va pas rester là à attendre que ça passe ! On arrive à l’entrée de la petite ville après une longue et sinueuse montée. On se gare pas loin d’un combi aveyronnais, ça fait plaisir ! C’est le premier que l’on voit depuis notre arrivée sur l’île !
La ville médiévale est jolie, toute de pierre vêtue. Le centre historique est entièrement piétonnier et les rues pavées colonisées par quelques herbes mènent d’église en église. Avec le ciel gris, tout est gris sur gris… il pleut un peu, ce qui rend l’ensemble un peu austère. On croise des touristes chinois, finlandais, hongrois… que l’on reconnait facilement grâce à leur nationalité inscrite sur leur survêt… ce sont des équipes de jeunes sportifs. Apparemment il y a un championnat international de volley en ce moment. Ces petites bandes joyeuses amènent un peu d’animation dans les rues, ce qui rend la visite moins tristounette. Surtout les Tahitiens qui entament un vibrant haka devant les téléphones portables et les sourires des autres équipes.





On prend quelques minutes pour contempler le magnifique panorama depuis l’esplanade de Castello del balio et di Vénéré. Malgré les nuages qui défilent, on voit la côte et la mer. Par temps dégagé, cela doit être splendide. D’ici nous avons aussi un aperçu sur les remparts qui sont vraiment impressionnants. La ville dégage une force tranquille… on l’imagine imprenable. On découvre une parcelle et une rue à chats. Ils sont quelques dizaines à regarder nonchalamment les touristes de toutes nationalités les prendre en photo.
Puis on fait une halte à la « Pasticceria Maria Grammatico » qui est une institution depuis 1940. On y achète, dans un décor qui ne semble pas avoir bougé depuis 70 ans, des pâtisseries, confiseries, petits biscuits et même de petites gourmandises salées. Des pyramides de petits gâteaux à la pistache ou aux amandes sont bien rangés derrière les vitrines de vieux meubles en bois. La boutique est minuscule et pas très lumineuse mais tout est appétissant. Ce n’est pas très cher et on craque pour quelques friandises réconfortantes !
Le ciel se dégage un peu, cela nous donne un peu d’espoir pour prendre un bateau cet après-midi, pourtant les sites météos annoncent que celle-ci va se dégrader.


La trattoria du bonheur
13h. Nous allons redescendre sur Trapani. Nous devons repasser à 15h au port pour voir si le ferry pourra naviguer jusqu’aux îles Egades. Il pleut un peu et le ciel est bien loin de vouloir se dégager. Il y a encore beaucoup de vent et peu de chance que l’on puisse traverser tout à l’heure ! C’est un temps à aller se réfugier dans un petit resto.
Fab a très envie d’une pizza. Une semaine que nous sommes là et nous n’en n’avons pas encore déguster une seule. D’après le guide, il y a à Trapani, une institution prisée des locaux et des touristes qui nous attise les papilles. On se réconforte juste à l’idée d’être au chaud et de se mettre à table ! On entame la descente toujours tortueuse vers Trapani. Aux abords de l’entrée de la ville, Nat crie un « Stoppp ! » pour faire quelques achats de légumes sur un stand de bord de route. Pendant que Fab fait le plein de tomate, aubergines et oignons, Nat rentre les coordonnées de la pizzeria… mais nouvelle déception.
— Fab, j’ai pas une bonne nouvelle… la pizzeria est fermée !
Et oui, on comprend que les pizzerias en Sicile, ce n’est que pour le soir ! On est vraiment dépité !
Décidément, aujourd’hui rien ne se passe comme prévu, en plus la mer est démontée et il se met à pleuvoir très fort de nouveau. Un bon repas nous ferait vraiment du bien mais tant pis on va manger dans Josy au port. Nat, en dernier recours, regarde si il n’a pas un bon plan dans le Lonely Planet.
— Oh, il y a une trattoria qui a l’air sympa !
Petit check de l’adresse sur maps.
— Non c’est une blague ! Nous ne sommes qu’à 200 mètres !
Mais pour le moment nous savourons nos délicieuses busiate alla trapanese, le plat typique de la cuisine de Trapani. Les principaux ingrédients sont le basilic, la tomate et les amandes. Les pâtes utilisées traditionnellement sont les busiati, des pâtes fraîches de 8 cm de longueur qui ressemblent à un cordon de vieux téléphone filaire… forme qui leur est donnée en les tortillant autour d’une tige de buso, une graminée originaire du bassin méditerranéen.
C’est un plat très ancien qui date du temps où les navire génois en provenance d’Orient s’arrêtaient dans le port de Trapani. Ils ont apporté la tradition de l’agliata ligure, une sauce ancienne à base d’ail et de noix, que les marins de Trapani ont adaptée avec les produits de leur terre, la tomate et les amandes.
En route pour l'archipel des Egades !
15h. Après ce bon repas, nous prenons tout de même la direction du port situé à 5 minutes. Très vite la joie nous envahit ! Il y a la queue au guichet… ça veut dire que le bateau va partir! Trop cool !
Tickets en main, on met le combi dans le petit ferry, il y a pas mal de monde. C’est parti pour une traversée assez mouvementée d’un peu plus de une heure… ça tangue et ça souffle fort mais on est content !


On débarque sur Favignana vers 16h45.
Il y a quelques rafales de vent mais le ciel se dégage un peu et nous offre quelques bouts de bleus. Dès les premiers tours de roue sur l’île, l’endroit nous plaît. Le petit port de pêche avec ses bateaux colorés est très mignon. Deux méharis sont garées là, comme pour accueillir Josy. Fab a repéré quelques spots pour poser le combi pour la soirée mais il ne faut pas trop traîner si on veut s’installer avant la nuit. On prend la direction de l’Est de l’île. C’est dépaysant, les routes qui ressemblent davantage à des pistes sont étroites et coincées entre des murs de pierre.


Nous sommes heureux d’être là et faisons quelques pauses pour aller voir la Cala Rossa et sommes agréablement surpris de découvrir une ancienne et gigantesque carrière de tuf. On circule entre les trous que les exploitations passées ont laissées. Le paysage a été façonné par les hommes au fil de années et le résultat est assez étrange.
Fin de journée et soirée un peu secoués dans le combi vw !
On repère assez facilement un spot au bord de l’eau, au bout d’une piste de terre un peu abîmée. L’endroit est chouette. C’est un petit promontoire juste au dessus de l’eau. C’est parfaitement plat et nous avons vu sur la mer à presque 180°. Il n’y a pas un chat et pas une habitation à l’horizon. Par contre le vent souffle assez fort et le combi est vraiment très exposé. Les rafales secouent Josy qui se dandine de droite à gauche continuellement et cela fait beaucoup de bruit.
Fab regarde la carte et le sens du vent.
Bon on décampe, direction le sud de l’île qui sera peut-être moins exposé. À 4 kilomètres et 10 minutes de route, se trouve la plage de la grotta Perciata qui devrait être à l’abri des bourrasques. On traverse la pointe Est de Favignana de haut en bas… les couleurs de fin de journée sont atténuées par la météo un peu tourmentée. On suit les petits murets de pierre et croisons quelques ânes. C’est bucolique et calme.
17h55. Quand nous arrivons au nouveau spot, nous sommes un peu déçus par le décor beaucoup moins sauvage que là-haut. C’est plus sombre, la vue est moins dégagée, il y a des badauds qui traînent et il n’y a pas beaucoup moins de vent !
18h15. Finalement retour au spot initial à la Bue Marino. On s’est refait une traversée dans l’autre sens ! Et comme pour nous accueillir et nous dire que c’est le bon endroit, un gigantesque arc-en-ciel s’est formé sur la mer face à nous!
Nous sommes là-encore sur une ancienne carrière. Celle-ci a les pieds dans l’eau, si bien que les parois verticales et rectilignes sont frappées par les vagues. C’est vraiment beau. Il y a toujours un peu de vent mais celui-ci semble dégager le ciel des nuages. On prend le temps d’explorer un peu à pied, l’eau est transparente, les roches sont ocres… c’est vraiment magnifique.





Installés dans notre petite Josy, face aux lumières lointaines de Trapani, nous étudions le programme pour la journée de demain. Le téléphérique qui monte à Erice forme une grande guirlande qui fait scintiller la côte. Il y a encore beaucoup de vent mais on fera avec !
Au menu ce soir : arancini et les délicieuses pâtisseries achetées plus tôt dans la journée.
La nuit tombe mais le vent ne faiblit pas, bien au contraire, l’orage que l’on voyait au loin semble même se rapprocher.