La découverte de La Palma a été surprenante. Voici un petit best-off des expériences qui ont touché nos sens durant notre roadtrip de 9 jours sur la Isla Bonita.
TOP 1. Le cratère, le ciel et les éléments : danser avec les nuages sur les sommets de la Caldeira de Taburiente depuis les miradors du Roque de los Muchachos & de la Cumbrecita

Le contexte
Le Roque de los Muchachos, c’est le point culminant de l’île. Situé à 2426 mètres d’altitude, le site est réputé pour offrir des vues somptueuses sur l’ensemble de la Caldeira de Taburiente, un cratère qui s’est effondré il y a plusieurs millions d’années et qui a façonné une grande partie de l’île.
Notre expérience
On a vécu la découverte des sommets comme un spectacle… les nuages composant, changeant et rythmant le ciel et le paysage dans une incroyable valse des éléments.
Carnet de découverte
Dans la brume, bienvenue au spectacle
La route qui rejoint le sommet de la Caldeira depuis Santa Cruz nous fait grimper rapidement en altitude. Nous rentrons dans une couche nuageuse. C’est gris, humide, tropical. Les arbres jouent dans la brume, installant une ambiance mystérieuse, un peu comme si nous traversions une porte vers un autre univers. Les kilomètres défilent et quand nous en sortons, la vue sur le grand large est folle. Nous sommes au dessus d’un tapis blanc. Le Teide de Tenerife, l’île voisine, émerge à l’horizon comme flottant dans les airs.
1er acte : le mirador de Los Ardennes
Notre première « vraie » rencontre avec les nuages de la Caldeira, nous la faisons un peu plus loin depuis le mirador de los Ardennes. Il y a du vent, beaucoup de vent. Du mirador qui est censé nous offrir un panorama sur le fond de la Caldeira, nous ne voyons rien. C’est la déception… tout est blanc, pourtant au-dessus de nous le ciel est bleu. Mais c’est ici que nous avons droit à notre premier ballet. En avançant un peu sur le chemin qui longe la Caldeira, nous observons le mouvement rapide des nuages… qui découvrent et recouvrent les reliefs, surfent sur les pentes, dévoilent les observatoires astronomiques perchés sur la crête juste en face. La déception cède assez vite la place à la fascination… c’est changeant, envoûtant, étonnant.


Le clou du spectacle : le Roque de Los Muchachos
Quelques kilomètre après le mirador de Los Ardennes, nous sommes au point culminant de l’île avec toujours le même spectacle. Le paysage change à chaque instant au gré de l’humeur des nuages… certains passent et glissent sur les roches escarpées, d’autres en s’estompant dévoilent par petits bouts des vues sur les pentes vertigineuses de la Caldeira. Ici, nous sommes à l’intérieur du cratère et marchons sur des sentiers suspendus… le soleil sur nos têtes et les pieds au dessus de ce qui ressemble à du coton vaporeux. Il nous faut imaginer l’ensemble du tableau, tenter de deviner ce qui se cache ici ou là. C’est beau, presque hypnotique. On a envie de rester là à se laisser porter par notre imaginaire… et dessiner sous nos pieds un immense cratère qui accueillerait une jungle luxuriante avec des oiseaux aux couleurs chatoyantes, une végétation pimpante, doux mélange de forêts du Costa Rica et d’images colorées sorties de dessins animés, et en même temps, on a l’envie d’aller plus loin, voir si la vue est tout aussi belle et absorbante. On fait un peu des deux et restons près de 4 heures sur place.
3 jours plus tard, nous remontons sur les sommets du Roque de los Muchachos mais cette fois-ci, plus aucun nuage à l’horizon. Le cratère révèle d’un coup et brutalement toutes ses formes et ses couleurs… petit sentiment de déception pour Nat qui avait imaginé cela plus grand et le dessous différemment… impression de découvrir un tout autre lieu pour Fab. Nous sommes cependant tellement chanceux d’avoir pu voir la Caldeira sous ces deux angles.
Dernier acte : la mer de nuages depuis la Cumbrecita
C’est en montant à La Cumbrecita, autre point de vue situé plus au sud de la Caldeira presque exactement à l’opposé du Roque de los Muchachos, que nos amis les nuages se donnent à nouveau en spectacle.
Le parking est si petit qu’il faut réserver sa place en ligne pour pouvoir monter. Nous avons choisi d’y aller tôt le matin. Le ton est donné dans la plaine, sur la route, quand nous nous retrouvons face à un énorme nuage noir semblant se déverser de la montagne et vouloir nous engloutir tel un raz de marée. C’est flippant ! Très vite, la route nous fait tourner à gauche pour monter à La Cumbrecita et nous éloigne de la menace. Nous prenons de la hauteur et lorsque nous traversons la forêt, nous retrouvons le soleil et ce nuage qui, dans la lumière et vue de haut, ressemble davantage à une vague. Ça doit donc être ça la mer de nuage !
Quelques kilomètres plus haut, le petit parking nous offre un magnifique point de vue sur cette vague qui glisse lentement sur les pentes volcaniques avant de s’estomper. Le soleil pointe son nez derrière le crête accentuant le trompe l’œil qui se joue au ralenti. On passe plus de temps sur le parking à profiter du spectacle qu’à marcher sur les chemins du site. Les miradors donnant exactement à l’opposé, sur la caldeira, où le ciel est complètement dégagé.
Carnet pratique
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TOP 2 : Cubo de la Galga : plonger et marcher au cœur d’une forêt laurisylve, relique de l’ère tertiaire

Le contexte
Les forêts laurisylves sont une curiosité naturelle propre à quelques îles au large de l’Afrique (Madère, Açores) mais c’est à La Palma qu’elles sont le plus présentes. Ces forêts subtropicales humides sont des reliques d’une végétation qui recouvrait une bonne partie des terres du bassin méditerranéen à l’air tertiaire. Le site emblématique de l’île est le bosquet de Los Tilos qui a été fermé pour cause de glissement de terrain en décembre 2023. Mais nous avions également repérer une forêt de lauriers à côté du petit village de la Galga dans le Nord-Est de l’île.
Notre expérience
Nous avons eu la sensation de marcher dans un étrange mélange nous projetant quelque part entre la jungle équatoriale et les forêts des Cévennes.
Carnet de découverte
On entre dans la forêt à petits pas par une ancienne et étroite route goudronnée… c’est calme. De hautes plantes aux fleurs jaunes immenses nous accueillent comme pour nous souhaiter la bienvenue. La grande route n’est pas très loin mais quelques dizaines de mètres à pied suffisent à nous plonger dans un autre monde et nous emmener au creux d’une gorge. La végétation nous entourant recouvre de vert et de fougères les roches noires bordant le chemin et presque intégralement les parois des falaises refermant le cirque.
Au fil de la marche, nous nous enfonçons un peu plus au cœur de la forêt. La luminosité se fait moins forte. Nous sommes à l’ombre des gigantesques lauriers et avons la sensation de plonger dans un univers protégé, un peu à l’écart du reste de l’île. Le chemin monte sans interruption mais nous ne nous en rendons pas vraiment compte tellement happés par les couleurs, les bruits et les odeurs autour de nous. Le gardien à l’entrée nous a indiqué une route à suivre : un simple aller-retour, le long de ce qui est pour lui le passage le plus intéressant. Il y a des fougères gigantesques. Les parois noires de la gorge sont tapissées de mousses et de plantes tropicales, les oiseaux sautillent au sol ou chantent dans les arbres, c’est beau. Arrivés au fameux point de demi-tour, littéralement une forêt de fougères hautes, on décide de pousser un peu plus loin, attirés par l’arche en pierre qui semble n’être que la porte d’entrée vers la vraie découverte ! Quelle bonne idée ! On grimpe au milieu des fougères. Le paysage change, la forêt est plus ouverte et plus lumineuse et la végétation au sol est aussi plus dense. Le chemin devient plus étroit et nous slalomons entre les plantes. Fab a repéré un point intérêt sur la carte sans trop savoir ce que c’est. On sort du sentier principal et descendons dans une faille abrupte de la roche. C’est le Cubo de la Galga ! Un mini canyon, très étroit. L’eau ruisselle sur les parois et la magie de l’érosion a construit un petit canal de captation. C’est frais, humide, la roche noire est rendue brillante par le passage de l’eau, les quelques touches de végétation sont vertes fluo. L’endroit est magique… hors du temps. On voit à peine le ciel. Quelques randonneurs passent sur le sentier au-dessus de nous sans nous voir. Nous nous sentons privilégiés !
Carnet pratique
Accès depuis le parking le long de la LP-1, sur la côte Est entre les villages de La Galga et de los Galguitos ou directement depuis le haut du hameau de la Galga. Plusieurs randonnées possibles (de 1h30 à 3h30). Un gardien est présent au départ du parking et vous donnera tous les renseignements. Nous sommes restés 4 heures sur place
















TOP 3 : Rencontrer des plantes uniques à la silhouette étonnante : les dragonniers des Canaries

Le contexte
Les dragonniers doivent leur nom à la couleur rouge de leur sève qui évoque le sang des dragons, utilisée dès l’Antiquité comme plante médicinale ou comme colorant. Ils poussent uniquement sur l’archipel des Canaries mais c’est à La Palma que l’on peut débusquer certains lieux dans le Nord où leur concentration est la plus forte.
Notre expérience
Nous avions lu que le dragonnier des Canaries était une plante endémique à l’archipel et que l’espèce était placée sur la liste rouge IUCN des espèces en danger de disparition, en faisant en quelque sorte l’une des curiosité de l’île. Nous ne nous attendions à rien mais il faut bien avouer qu’une fois avoir aperçu nos premiers dragos, ces étranges créatures nous ont attiré comme des aimants pendant tout notre séjour, fascinés par leur drôle de silhouette de plante-arbre.
Carnet de découverte
Notre première rencontre avec les dragonniers commence au bord d’une route, depuis un belvédère. Nous sommes en train de prendre la vue sur le petit hameau de La Tosca situé en contrebas et entouré d’un magnifique écrin de verdure tropicale. Soudain Nat s’écrie « Ce sont des dragonniers ! ». Effectivement, nous distinguons maintenant très clairement leurs silhouettes atypiques et uniques. Ces plantes endémiques sont géantes. Nous improvisons une visite du hameau pour les voir au plus près. Plus nous approchons, plus nous sommes médusés par leur étrangeté et surtout leur taille.
La deuxième fois, c’est pratiquement eux qui nous trouvent. Après nous être engagés un peu au hasard sur un sentier côtier à partir de Santo Domingo, toujours dans le Nord de l’île, un panneau « Bosque de los Dragos » nous interpelle et nous décidons de le suivre. Le petit chemin qui passe tout d’abord au milieu de jardins et de terrasses de cultures abandonnées se fait de plus en plus sauvage & étroit et il faut parfois serpenter au milieu de hautes herbes folles. Comme un fil conducteur à notre balade, nous nous amusons à repérer leur silhouette singulière. On trouve d’abord des dragonniers solitaires bordant le sentier. Ils dominent fièrement le chemin faisant face à la mer derrière nous. Puis nous entrons dans un barranc. Sur ses flancs tout vert de végétation, de petits bosquets de dragos émergent. Les arbres sont clairsemés mais assez nombreux pour constituer un véritable ensemble. C’est la seule fois que nous en verrons autant sur un si petit espace. Les arbres aux troncs lisses et aux couronnes foisonnantes sont majestueux et projettent quelques choses d’envoûtant. Nous sommes à la fois ébahis et fascinés. La lumière de fin de journée ajoute de la beauté au tableau.
Sur le reste du roadtrip, nous ne nous lasserons jamais de passer à côté d’eux ou de continuer à observer de loin leur silhouette.
Carnet pratique
Le hameau de la Tosca regroupe quelques beaux spécimens. Il est situé le long de la route LP-1 à quelques kilomètres à l’ouest de Barlovento.
Le sentier « Bosque de los Dragos » est quant à lui accessible à pied depuis Santo Domingo de Garafia. Prenez le sentier pavé à la sortie nord du village puis suivez les panneaux et les marques jaunes (environ 7 km A/R). Le début de la balade passe par un barranc splendide puis suit une crête qui offre une chouette vue sur la mer. Y aller en fin de journée ! Il fait moins chaud et les lumières sont belles.










TOP 4 : Gofio, Mojo verde, Queso asado, Papas arrugadas… : découvrir et se laisser transporter par une cuisine typique et singulière
Le contexte
Pour les bons français que nous sommes, la gastronomie est quelques chose que nous regardons toujours lorsque l’on prépare un voyage. Et comme de partout, la cuisine d’un pays ou d’une région est toujours un peu spécifique mais on ne s’attendait pas à découvrir autant de nouvelle saveurs !
Notre expérience
On a vécu un véritable voyage culinaire qui nous a emmené loin hors des frontières espagnoles ! Ici pas de tapas jambon fromage ou de sangria mais des typicités vues et goûtées seulement ici !
Carnet de découverte
Notre première rencontre avec la cuisine de La Palma se fait à peine 5 kilomètres et moins de 30 minutes après notre arrivée à l’aéroport. On récupère notre voiture de location. On fait quelques tours de roue et nous arrêtons sur un parking pour aller visiter le petit village de pêcheur de La Bajita. À peine descendus de la voiture que… mmmmmhhhh… d’agréables odeurs de cuisine viennent titiller nos papilles. Juste derrière nous, un cabanon. C’est un petit restaurant local. On ne peut que se rapprocher de la carte… et c’est un bingo ! C’est ici que l’on fera notre premier repas 100% local et authentique dans un cadre pittoresque et tout autant atypique ! C’est donc au « Casa Goyo » que nous dégustons notre premier gofio. C’est un nom que Nat avait retenu car c’est un plat aux origines guanches, le peuple autochtone de l’île et qui remonterait à – 2000 ou – 3000 ans. On nous installe dans une petite salle privative de 6 ou 7 m² qui contient une table, 4 chaises et une fenêtre ouverte sur la mer.
— 2 gofio escaldado, por favor ! Commandons-nous fièrement pour notre entrée.
La gentille serveuse nous conseille de n’en prendre qu’un seul à partager car c’est gros. Effectivement, le bol de Gofio qui arrive est énorme. Pour une entrée à 3€ c’est très généreux ! À la texture cela pourrait nous faire penser au tô d’Afrique mais au goût nous découvrons quelque chose de nouveau. Ce plat à base de farine de céréales peu cuite est agrémenté de poivrons rouges marinés et c’est tout simplement un régal. Nous en testerons 3 autres au cours de notre séjour à chaque fois cuisiné différemment et tout aussi délicieux et généreux (avec des poivrons verts ou rouges craquants, des oignons doux, de l’huile d’olive…)
Pour ce premier repas, nous avions également commandé les fameuses Papas arrugadas qui sont une variété de pommes de terre locale, cuite à la vapeur et servie avec leur peau ridée. Elles n’ont besoin de rien de plus pour être délicieuses mais accompagnées d’une sauce Mojo verde à la coriandre c’est une tuerie !
Le ton est donné. Ce gofio, ces patates ridées et cette sauce Mojo seront un peu le fil rouge à nos repas. D’autres surprises culinaires se sont ajoutées les jours suivants comme le Queso asado qui est, comme son nom l’indique, un fromage rôti. Il est servi comme un steak de viande et a un goût cendré assez prononcé. Agrémenté d’une sauce (Mojo verde ou Mojo rojo) il réveille nos papilles. Nous découvrons aussi mais assez tardivement le Principe alberto un dessert très gourmand au chocolat et aux amandes et qui laisse une subtile note sucrée pour terminer son repas.
Carnet pratique
Le gofio est souvent servi copieusement et tient bien au ventre… ne prenez qu’un plat pour 2 !
Les papas arrugadas et le queso asado sont servis dans quasiment tous les restaurants mais préférez les adresses locales style bar et cafeterias plutôt que les restaurants qui proposent souvent des menus plus complexes et du coup moins traditionnels. Vous trouverez également un peu partout un très grand choix d’arepas venus directement de la cuisine vénézuélienne.

















TOP 5 : Au cœur d’une île volcanique : marcher sur les pentes arides du Teneguia et faire face à la coulée de lave du Cumbre Vieja !

Le contexte
La Palma est une île volcanique.
La Caldeira de Taburiente, un ancien volcan effondré il y a des millions d’années, façonne une bonne partie du nord de l’île. Il existe aussi toute une série de volcans plus ou moins récents qui forme sur le sud le l’île une véritable ligne de crête montagneuse. L’activité volcanique est toujours dense et la géographie de l’île change au gré des éruptions… la dernière date de décembre 2021.
Notre expérience
Marcher sur les volcans et cette terre volcanique omniprésente sur l’île, c’est un peu comme se promener dans un tableau de Pierre Soulages… ce peintre qui n’a que le noir dans sa palette et qui, malgré ce coloris ou cette teinte unique, réussit à en dégager des nuances, des couleurs et des lumières. La Palma c’est cette même tonalité : du noir et du gris avec quelques pointes d’ocre ou de vert et c’est à peu prêt tout. Et paradoxalement c’est tellement vivant ! Bien que la végétation soit clairsemée, la nature est bien présente, brute, directe, puissante et austère et comme toujours assez fascinante. Même si le noir parfois prend les couleurs de la noirceur et de la désolation.
Carnet de découverte
La coulée de 2021
Alors que nous roulons dans la banlieue de Los Llanos :
— Mais c’est pas de la fumée là-haut sur le petit cratère ?
— Bah oui… on dirait que ce sont des fumerolles ! C’est trop bizarre pour être un nuage !
— Mais ça vient du cratère du volcan ?
— Naaan, on doit rêver c’est pas possible qu’il soit si près…
Le soir dans la chambre de l’hôtel :
— Bah en fait si, c’est le Cumbre Vieja, le volcan qui a provoqué la dernière éruption en 2021. Regardes sur la carte… on voit qu’il a coupé plusieurs routes !
— Ah oui, je le croyais bien plus au Sud !
— On ira voir de prêt demain !
Effectivement le lendemain, nous découvrons l’impressionnante coulée de lave du plus jeune volcan de l’île.
Nous arrivons à la position « Point de vue sur la coulée » que nous indique la carte et nous nous garons en bord de route juste avant les barrières qui bloquent l’accès. Le bas-côté est recouvert de sable noir très fin. Une garde-champêtre nous interpelle de suite en nous demandant de ne pas aller sur la coulée. Nous marchons sur quelques centaines de mètres sur la route goudronnée. À notre gauche un petit corps de ferme et des parcelles de vigne ont les pieds dans une poussière noire. Tout est noir et gris autour de nous. Derrière des barrières de sécurité, un très large et haut tas de roches noires coupe notre vue et le goudron. Une maison est au pied de la coulée… vingt mètres à peine les séparent. Nous sommes assez près pour comprendre l’intensité de la chose. Une couche de roche volcanique de plusieurs mètres de haut a traversé l’asphalte, le hameau puis toute la plaine jusqu’à la mer… engloutissant tout sur son passage. On reste médusé face à cette scène surréaliste. Une petite piste nous fait longer la coulée et nous amène à un point de vue. D’ici, on arrive à suivre du regard le parcours de la lave… et pensons distinguer son point de départ… depuis l’arrière du petit cratère qui s’est formé sur la pente du volcan Cumbre Vieja. On est presque sûr que les fumeroles que nous avons vu hier venaient de là. On imagine la lente progression de la lave… les maisons qui se font engloutir, la peur des habitants face à cette vague noire qui détruit tout sur son passage, laissant derrière elle un paysage de désolation.
Trente minutes plus tard, en redescendant en direction de sud, sur la nouvelle route qui a été construite par dessus la coulée, on peut lire des panneaux « Ne pas s’arrêter ! Ne pas marcher sur la coulée, dégagement de chaleur ! ». L’éruption a pourtant eu lieu il y a bientôt 3 ans…
Randonnée au milieu des terres arides
Les volcans sont nombreux à la Palma. En dehors du Cumbre Vieja, les plus récents sont rassemblés au sud de l’île. On décide de pendre les chemins de traverse et de s’engager sur une piste qui mène à différents cratères et points de vue en dessous du grand San Antonio dont la dernière éruption date de 1677. Le chemin nous mène à travers ses flancs jusqu’au Teneguia qui lui, a craché de la lave pour la dernière fois en 1971. Les paysages sont lunaires, arides, austères… il y du vent et le soleil tape fort, pas un coin d’ombre, très peu de végétation et de la roche de partout, des nuanciers de gris, de noirs et d’oxyde, quelques bosquets de plantes vertes tranchent l’uniformité du sol. Ce paysage s’étire jusqu’à la mer que l’on aperçoit bien plus bas. C’est vraiment très beau. Cet univers presque exclusivement minéral est fascinant. Nous sommes tellement insignifiant face à l’immensité et puissance des éléments, de la Nature, de la Terre. Et pourtant on se sent tellement à notre place ici. Ce paysage nous donne le sentiment de faire partie de quelque chose de bien plus grand que nous.
Carnet pratique
Le Cumbre Vieja se situe sur la côte Ouest, au sud de Los Llanos de Aridane. Depuis la petite ville de El Paso, prendre la LP-212 jusqu’à ce que la route soit coupée par la coulée de lave ! En fait il y a des barrières et un petit parking. Il vous faudra marcher environ 500 mètres jusqu’au mirador. Pour les volcans du Sud, nous avons choisi de ne pas faire la visite du San Antonio qui était payante (8€/personne). Nous avons préféré nous engager sur un chemin de traverse au départ de Los Quemados. Il y a quelques kilomètres de sentiers à explorer et plusieurs curiosités. Nous avons marché jusqu’au Teneguia mais pour les plus sportifs il est possible de descendre jusqu’aux Salines de Fuentcaliente (après il faut revenir ! Mais il est également possible de prendre un bus aux Salines pour un retour sans marcher)













TOP 6 : Contempler un coucher puis un lever de soleil depuis les très graphiques Salines de Fuencaliente

Le contexte
À la pointe et extrémité sud de l’île, les salines de Fuencaliente sont une curiosité établies depuis 1967. Elles sont toujours exploitées artisanalement aujourd’hui. Mais ce n’est pas ce que nous sommes venus visiter. Le site est idéalement situé. Niché dans un cadre naturel & sauvage entre mer et volcans, il offre à la fois une vue plein est et une autre plein ouest. Nous décidons donc d’y aller juste avant la tombée de la nuit et y retournerons le lendemain à l’aube pour le découvrir avec les lumières douces et chaudes d’un coucher et d’un lever de soleil.
Notre expérience
Nous avons vécu cette découverte comme un véritable privilège car se balader librement au milieu des parcelles de sel d’une exploitation privée sans avoir à payer ou respecter des horaires d’accès est exceptionnel !
Nous habitons à 30 minutes des salins d’Aigues-Mortes et ne sommes pas très loin de ceux de Gruissan ou des Salins de Giraud mais jamais nous n’aurons cette chance de pouvoir un jour de nous y balader comme on le souhaite pour juste « profiter » du site !
Carnet de découverte
Tard le soir, avant que la nuit n’arrive, et tôt au p’tit matin, avant que le soleil ne sorte à l’horizon…
Ce site du bout du monde nous a enchanté par ses couleurs, par son ambiance, par ses contrastes et ses embruns marins, par le blanc du sel et le noir de la roche. Il a fallu se lever tôt et se coucher tard pour profiter des couleurs changeantes et emprunter cette route interminable et sinueuse mais le jeu en valait largement la chandelle.
Ce soir, même si l’horizon est barré par les nuages, les petites parcelles rectangulaires très graphiques amènent de la magie au lieu. Le phare a une silhouette réconfortante dans ce paysage austère et uniquement minéral. C’est un paradis pour photographe.
[…]

Si la veille nous n’étions pas les seuls à ce rendez-vous avec le coucher du soleil, ce matin il n’y a personne sur le petit site tranquille. Après avoir vu le Teide de Tenerife, léviter au dessus d’une mer de nuages une heure plus tôt, nous sommes là maintenant, juste tous les deux, à contempler le soleil faire son retour de l’autre côté de la terre. L’ambiance est toujours aussi graphique comme si nous étions dans un tableau. Nous passons ensuite trois heures dans les salines… à déambuler au milieu des parcelles façonnées par de la roche volcanique… entourés par cette chaîne de volcan sombre piquée de vert. Les couleurs blanches puis roses se révèlent au fur et à mesure que l’astre solaire grimpe dans le ciel, accentuant les contrastes et tranchant les couleurs. Debout, au milieu de ce décor splendide, un peu secoués par les rafales de vent, nous prenons le temps de nous servir une tisane sortie du thermos et d’engloutir quelques bananes « made in La palma »… un p’tit dej avec un panorama à 360° digne d’un grand spectacle !
Carnet pratique
Pour accéder au site c’est assez simple : il faut viser le point le plus au sud de l’île. Pour assister au lever ou au coucher de soleil, c’est aussi assez simple, suivant la saison, il va falloir vous lever tôt ou vous coucher tard. La ville la plus proche est Los Canarios à environ 30 minutes de route, vous trouverez quelques hébergements. Grand parking sur place, le site est accessible gratuitement et vous pourrez marcher le long des salines presque sans contrainte. Il y a un restaurant qui doit sans doute être pris d’assaut au déjeuner car le parking peut accueillir des bus.
Le site se visite également pour son activité d’exploitation de sel.










TOP 7 : Au creux du cœur de l’île : suivre la rivière au fond de la Caldeira de Taburiente

Le contexte
Après avoir arpentés les hauteurs de la Caldeira de Taburiente (voir le TOP 1), il nous fallait aller voir le fond de ce cratère.
Cette randonnée est l’un des incontournables des visites à faire sur l’île. Il y a plusieurs itinéraires. On choisi de faire un aller-retour dans le lit de la rivière. La partie la plus belle semble être ici.
L’objectif est d’atteindre la cascade de Los Colores, une petite chute d’eau qui dégringole d’une roche vêtue d’une étrange couleur orange due à une eau saturée d’oxyde de fer.
Notre expérience
Nous sommes allés de surprises en surprises au fil de la balade.
Première surprise : y’a de l’eau… même si la petite rivière n’est parfois qu’un simple filet qui glisse sur les galets !
Deuxième surprise : le cours d’eau chargé de minéraux et d’oxydes liés à l’activité volcanique nous offre de belles couleurs chatoyantes. Leur tonalité orange se marient incroyablement bien avec les algues vertes fluo.
Troisième surprise : la cascade de Los Colores est une cascadette ! À peine un mètre de haut, mais comme souvent ce n’est pas tant la destination qui est importante mais le voyage… la randonnée est vraiment chouette avec des paysages imposants et magnifiques ! La nature est belle et bien présente dans son état le plus naturel.
Carnet de découverte
Nous décidons de partir tôt pour éviter la foule. Mais bon il est déjà 10h lorsque nous arrivons sur place. Il n’y a pas encore beaucoup de monde (à part quelques randonneurs équipés de bâtons qui attendent un taxi-navette). On se rend compte que de toute façon il ne fallait pas arriver trop tôt car nous aurions marché à l’ombre une bonne partie de la matinée ! Les falaises sont hautes et les rayons du soleil commencent tout juste à illuminer le creux de la gorge, chassant le petit air frais et l’humidité.
La balade est assez facile. C’est un « simple » aller-retour de 12 kilomètres.
À l’aller cela monte tout du long. Le chemin alterne entre passages dans le lit de la rivière et un sentier qui monte plus ou moins haut sur les berges escarpées. Le ciel est dégagé et d’où nous sommes, nous avons une vue sur les sommets de la Caldeira. Les panoramas sont superbes et changeants. La végétation et les paysages montagneux nous émerveillent. On respire à plein poumon un air pur.
Le doux bruit de l’eau qui ruisselle gentiment comble le silence et rythme nos pas. On explore quelques couloirs étroits dans la roche ou traversons la rivière par des petits sauts de cabri. Nous sommes intrigués par ces énormes et étranges rochers ponctuant le début du parcours… sortes de cerveaux géants pour certains ou prenant la forme de silhouettes d’animaux ou d’hommes au repos pour d’autres. On se laisse embarquer par la poésie du lieu sans cesser d’avancer. On finit par arriver au pied de la minuscule cascade… pas très spectaculaire mais étonnante. Mais même si ce n’est pas très haut, la vue dégagée sur les sommets du cratère de la Caldeira est vertigineuse. On a du mal à se dire que ses crêtes sont à près de 2000 mètres au-dessus de nos têtes.
Le retour en descente est vite avalé. Nous trouvons facilement un petit coin au bord de l’eau pour pique-niquer à la fraîche avant de rejoindre le parking qui est maintenant quasiment plein. Visiblement une bonne partie des visiteurs préfèrent l’autre itinéraire de randonnée, celui avec la navette.
Carnet pratique
Départ depuis le parking au Nord de Los Llanos. 2 circuits principaux. Celui que nous avons fait : aller et retour jusqu’à la Cascades de Los Colores (12km, environ 4h, nous en avons mis 6h) ou possibilité de prendre un taxi 4×4 (12€/pers) pour faire une « demi boucle » depuis le mirador de Los Brécitos (13km et parcours uniquement en descente)

















TOP 8 : Los Llanos, Santa Cruz, Santo Domingo : flâner de place en place et voir la vie s’écouler tranquillement assis à la table d’un kiosko

Le contexte
Lorsque nous avons préparé l’itinéraire de notre roadtrip à La Palma, les villes étaient pour nous « simplement » des points de chute… des endroits pour dormir, se ravitailler et goûter à quelques spécialités locales. Des bases assez proches des sites que nous voulions visiter car l’objectif de ce voyage était de découvrir les espaces naturels de l’île plutôt que les centres urbains. Nous avions juste prévu de passer les deux premiers jours à Santa Cruz de La Palma, pour embrasser son architecture vieille de plusieurs siècles et faire notre entrer dans la vie locale.
Notre expérience
Nous avons été transportés très vite, très loin de l’autre côté de l’Océan Atlantique et été bercés dans une ambiance « muy latina ! » dès les premiers pas à Santa Cruz, la capitale.
Carnet de découverte
À Santa Cruz de La Palma, capitale de l’île, il a y cette avenue interminable, entièrement piétonne qui sépare le bas de la ville des quartiers un peu plus en hauteur et tortueux. On a adoré s’y balader. Coincée entre les sommets de la Caldeira et les plages de sable noir, la ville regorge de nombreuses places et placettes où il fait bon vivre. Les cafétérias animées à l’heure du petit dej, les bars bondés le soir, et les petites boutiques de proximité et à l’ancienne, cachées derrières des façades centenaires nous ont séduit. Notre coup de cœur va à la Plaza de La Alameda, avec son petit bar à arepas et son ambiance conviviale à toute heure de la journée.
Los Llanos de Aridane qui nous a servi de point de départ pour aller explorer le versant sud-ouest de la Caldeira est beaucoup plus grande, plus moderne, plus animée. C’est la ville la plus peuplée, on y trouve cependant un centre à taille humaine, très arboré et très dégagé. Les graffitis gigantesques côtoient les bâtiments historiques et, à chaque coin de rue, il y une petite terrasse qui vous propose ses chaises, traditionnelles ou colorées, bien en vue ou un peu cachées, et qui vous donnent une drôle d’envie de s’asseoir là et de ne rien faire pendant un moment. Se balader dans ses ruelles pavées, ses façades aux couleurs vives et ses églises en chaux blanches nous rappelle des petites villes de Colombie ou du Guatemala.
Los Sauces, située au nord-est de l’île, devait juste être une ville-étape. Cette petite bourgade, pourtant traversée par la grande route respire la tranquillité… nous invitant à prendre le temps et à nous asseoir à l’une des table du kiosko de la grande place centrale. Les kioskos sont une institution sur l’île, des lieux pour boire et grignoter à toute heure de la journée. Celui de Los Sauces est posé sur un bord de la place, à l’opposé de l’église. Il a la particularité d’avoir deux étages. Le rez-de-chaussée accueille la cuisine et le bar, et, à l’étage supérieur, il y a comme un kiosque à musique avec sa charpente en métal et une mini coupole faite de vitres teintées de vert, de rouge, de jaune. Paré de mur de briques rouges, il est assez grand pour accueillir une bonne vingtaine de personne le long de son bar ouvert sur l’extérieur. Les propriétaires proposent une ribambelle de bocadillos, de viennoiseries, de croque-monsieur, d’omelettes ou de boissons chaudes et froides. On commande au comptoir et on déguste sur place debout derrière le zinc ou à l’une de table disposée tout autour. C’est le matin. Depuis sa terrasse, nous assistons à un authentique bout de la vie locale. Le poissonnier fait le tour de la placette avec sa voiture-glacière en klaxonnant. Il annonce et crie à travers un haut-parleur les poissons de la pêche du jour et s’arrête pour vendre à la volée selon les mains qui se lèvent dans la rue. Quant au camion du boucher garé en double file face à nous, il nous offre un spectacle cru. Deux livreurs, vêtus de blouse blanche de travail, se faufilent dans les rues avec des carcasses de porc sur le dos. Autour de nous la vie bat son plein. Les locaux profitent de la douceur du jour, grignotent et trinquent, papotent et s’interpellent.
Mais la palme de la placette charmante revient à Santo Domingo. C’est le côté petit bout du monde et bourgade isolée qui nous a fait venir ici, dans cette partie nord-ouest de l’île. Dès notre arrivée, nous tombons sur ce coin tranquille, niché dans l’angle d’une place à côté de l’église et hébergeant un bar cafeteria, tout simple, comme on aime et ouvert du p’tit déj au déjeuner (17h). On s’y assoit, à l’ombre d’un grand arbre, pour une bière… on y reste pour manger et on revient le lendemain parce vraiment « on est trop bien là ». Dans la grande salle à l’intérieur, les photos en noir et blanc d’une autre époque, atteste de l’authenticité et de la longévité du lieu.
Carnet pratique
Santa Cruz de la Palma :
- assister au lever de soleil sur la plage de sable noir et/ou profiter des couleurs du coucher de soleil sur plage
- prendre le petit ascenseur du quartier du port
- se garer au parking gratuit du port
Los Sauces :
- s’asseoir au kiosko de la place face à l’église
Los Llanos de Aridane :
- Musée archéologique pour découvrir la culture Guanche vieille de 3000 ans
- Musée de la banane
- chercher les fresques de street-art en passant de place en place
Santo Domingo de Garafia :
- entrer dans son église qui sent le bois vernis. Architechcture ♥
- remonter la petite rue aux portes colorées et située juste derrière le bar-cafétaria de la place









TOP 9 : Puertitos de Poris, Santo Domingo & Puerto Talavera : accéder aux cabanes sommaires & façonnées dans la roche et faire face au déferlement des vagues

Le contexte
On a toujours adoré les petit ports de pêche pour l’ambiance authentique qu’il y règne… les barques face à la mer, les petits pontons, les amarres, les cordages, les nasses… et la vie qui s’en dégage. Il se libère de ces lieux un goût d’ailleurs et d’aventure. Souvent isolés, ces petits hameaux du bout du monde font corps avec la nature et l’élément eau (mer, océan, étang…). À La Palma, les côtes sont escarpées voir acérées, les plages peu nombreuses ou peu accessibles, l’accès à la mer est donc difficile mais il y a ces puertitos, petits hameaux de pêcheurs creusés dans la roche, suspendus au dessus de l’eau… alors forcément nous avons voulu aller voir cela de près.
Notre expérience
La découverte de chaque puertito a été une petite aventure vécue à chaque fois avec beaucoup d’émotions.
Surprise, appréhension, excitation…
Nous avons tout d’abord été estomaqué par les accès difficiles. Il a fallu suivre des routes très pentues et des chemins escarpés pour trouver ces cabanons façonnés dans la roche juste au bord de l’eau. Puis une fois en bas, nous avons été frappés et stupéfaits de découvrir l’isolement, la rudesse et la dureté des lieux. Rien de ce que nous avons sous les yeux ne correspond à l’image que l’on a d’un petit port. L’environnement est très hostile. Inimaginable que des gens puissent être venus s’installer ici ! Il n’y a aucun bateau en attente dans l’eau. L’accès à la mer semble impossible… le comble pour des puertitos !
Carnet de découverte
Le premier des puertitos, Puerto Talavera, que nous avons découvert était « facile » d’accès si l’on ne tient pas compte de la route très étroite et pentue traversant les bananeraies qui y mène et de la volée de marche pour y descendre. L’endroit est désert. Seul un couple de pêcheurs à la ligne nous rejoindra un peu plus tard. Sur cette minuscule avancée volcanique dans l’océan, nous sommes tout d’abord accueillis par une Vierge Marie trônant dans une cage de verre. Elle annonce l’entrée du hameau et semble veiller et protéger l’endroit. Disposées autour de la petite presqu’île, les cabanes creusées dans la roche telles des maisons troglodytes ne semblent pas habitées. Peintes de bleu et de blanc, abritées sous des auvents de bois, elles font face à la mer. Il y a quelques bateaux colorés sous des bâches. Le lieu n’est donc pas abandonné. Des échelles en inox plongent dans ce qui doit être des piscines naturelles… mais vu la houle du jour, seul un(e) téméraire s’y aventurerait. Malgré le ciel un peu couvert, l’eau y est transparente et d’un bleu turquoise pas très lumineux. Comme toujours, la roche noire volcanique tranche radicalement avec les bleus de l’Atlantique. Ce qui est surprenant ici, c’est d’imaginer que cette presqu’île est sans doute née d’une coulée de magma venue s’avorter dans la mer il y a des milliers d’années.
Le second des puertitos n’était pas à notre programme. C’est en descendant voir le fantastique coucher de soleil depuis la corniche de Santo Domingo de Garafia que nous avons repéré son chemin d’accès. Le lendemain, après nous être garés au parking du point de vue, il nous a suffit de descendre le chemin caillouteux pour atteindre le « village » niché entre deux escarpements volcaniques recouverts d’une végétation basse. Derrière nous une brume tropicale se lève doucement d’un barranc tout vert. La vue sur les cabanes est complètement folle… celles-ci semblent suspendues à la falaise, surplombant le récif et l’océan déchaîné. Les éléments rugissent dans un décor bleu, blanc et noir. Nous descendons dans les « quartiers » les plus proches de l’eau par un petit chemin aménagé. La puissance des vagues venant s’écraser au pied des petites habitations est impressionnante. Le site s’étale sur une centaine de mètres le long de la corniche et ouvre des vue spectaculaires sur la côté est. Nous explorons chaque recoins ahuris, subjugués… Un homme a ouvert sa cabane troglodyte ce qui nous permet de jeter un œil à l’intérieur. C’est sombre et très sobrement équipé. Quelques chaises en plastique et quelques meubles de rangement viennent égayer cette roche noire qui tapisse les murs. Mais ce qui nous impressionne le plus, ce sont les vagues. L’océan frappe avec force le petit hameau. Régulièrement, une pluie fine et salée nous asperge et il faut parfois parler fort pour s’entendre. C’est beau, il y a des recoins et des allées à suivre, nous sommes quelques mètres au dessus de l’eau furieuse qui nous offre un spectacle son et lumière incroyable.
Le dernier des puertitos que nous avons visité est sans doute le plus spectaculaire et aussi le plus connu de l’île. Arriver à Poris de Candelaria est déjà une aventure en soi ! La route qui rejoint le site est vertigineuse. Depuis le village de Tijarafe, la descente raide annoncée par le panneau de signalisation ne reflète pas la réalité. Dès les premières centaines de mètre, la route pique du nez… par les quartiers puis au milieu des immenses serres de bananes et enfin le long d’une falaise. La pente à 35%, faite de béton strié, est très étroite et séparée du précipice par des barrières métalliques. La route donne parfois l’impression que l’on va plonger dans l’océan. C’est interminable. À chaque fois que nous pensons que derrière cette falaise on verra le bout… non… nous voilà reparti dans une nouvelle série d’épingles pentues sans fin. Certains virages sans visibilité invitent à la prudence. Ça descend, ça tourne, ça descend, ça tourne, ça descend, ça descend, de vrai montagnes russes… à double sens. Heureusement nous n’avons croisé qu’une seule voiture et il nous a fallu bien cinq minutes pour que « cela passe ». Nat est en stress, Fab roule pourtant très doucement. Mais quand la peur vous prend, rien n’y fait ! Il nous aura fallu 25 minutes qui ont semblé durer trois heures pour faire seulement 4 kilomètres ! Une fois stationnés sur le petit parking, il ne faut que quelques minutes à pied pour descendre (encore) un chemin un peu raide et trouver le village. Impressionnant. C’est la fin de journée, le soleil descend sur l’horizon. Nous sommes dimanche et les gens remontent avec leur glacière. Nous sommes les derniers arrivés. Le petit hameau est niché au creux d’une gigantesque grotte. Les gens s’y réfugiait l’été pour fuir la grosse chaleur de la plaine et venir pêcher. Aujourd’hui, c’est un village de résidences secondaires. N’empêche que le charme est bien là. Accrochées à la parois, les unes à coté des autres, les maisons blanches font face à la mer comme dans les autres puertitos. Ici, la cavité gigantesque qui abrite les petites maisons maçonnées donne une dimensions particulièrement extraordinaire au site. Et il est très surprenant de voir ici, dans ce petit bout du monde isolé, l’omniprésence du béton dans toutes les constructions. Ce soir l’océan est encore très agité et les vagues déferlent avec force à l’intérieur de la colossale grotte, frappe les rochers et les soubassements des maisons. Le bruit est assourdissant. D’énormes rouleaux s’engouffrent dans ce canal d’accès aux habitations et viennent s’écraser dans la roche tel un ennemi venant foncer dans des barrières de protection. Nous étions venus pour voir le site au coucher de soleil mais ici l’énergie du lieu est trop importante pour que l’on puisse juste observer tranquillement le spectacle. Tous nos sens sont en alerte. Nous sommes fascinés! La lumière du soleil couchant, la puissance de la houle, cette immense trou dans la falaise que les hommes ont décidé d’occuper… nous n’avons jamais rien vu de tel auparavant. Nous profitons du site quelques minutes mais il nous faut déjà repartir. Le jour s’en va déjà, et la route vertigineuse à reprendre dans l’autre sens nous presse un peu. L’avantage, c’est qu’à cette heure là, on ne risque pas de croiser grand monde.
Nous nous rappelons avoir entendu en France avant notre départ que de très fortes marées étaient annoncées. En Bretagne les commerçants et les habitants prenaient leur disposition pour faire face à cela. C’est sans doute pour cela que l’océan est si déchaîné ! Et que nous n’avons pas eu l’impression de vivre le cycle des marées hautes et marées basses… l’eau est là, l’eau n’est plus là… l’eau est là, l’eau n’est plus là…l’eau est là, l’eau n’est plus là
Carnet pratique





















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